Quelles solutions pour le problème de main-d'œuvre dans le solaire québécois ?
Dans ce premier article de la série “Le solaire au Québec : entre opportunité et transformation”, je m’appuie sur mes 15 années d’expérience dans l’industrie solaire en France, aux États-Unis et au Québec pour proposer quelques pistes de réflexion face au virage qui s’annonce dans la province : 125 000 projets solaires résidentiels dans les prochaines années. Et aujourd’hui, on commence par un sujet qui dépasse largement notre secteur : la pénurie de main-d’œuvre.
Car si le Québec veut réussir son virage solaire, il faudra d’abord répondre à une question essentielle : qui fera le travail ?
Il n’y aura pas assez de main-d’œuvre dans le solaire. Cette phrase est une certitude.
Pourquoi ? Parce que le problème de main-d’œuvre au Québec est déjà bien réel, et que le secteur solaire actuel, principalement hors réseau, en subit aussi les conséquences. Depuis 20 ans, le solaire est en fait bien implanté dans la province, mais surtout pour des applications dites autonomes : chalets, pourvoiries, véhicules récréatifs, bateaux, etc.
Ce marché de niche est l’un des plus avancés au monde en matière de compétences, grâce à des professionnels locaux expérimentés. Selon le répertoire d’Énergie Solaire Québec, il existerait entre 50 et 100 spécialistes actifs dans ce domaine (installateurs, revendeurs, développeurs, ingénieurs, etc.), dont nous faisons partie et également fier membre d'Énergie Solaire Québec.
À travers mes nombreuses visites sur le terrain, notamment chez les utilisateurs de nos logiciels Solutions Otonomi, la tendance est claire : la demande augmente, mais les ressources sont rares. Trouver des profils expérimentés dans le solaire québécois est quasiment impossible. Même embaucher des personnes motivées mais sans expérience devient compliqué, et les garder l’est encore plus. Les autres secteurs, mieux établis et offrant de meilleurs salaires, rendent la concurrence difficile. Le problème est encore plus accentué en région, même avec des offres salariales attractives.
Alors, lorsque Hydro-Québec a annoncé son objectif de 125 000 foyers équipés, après “Wahou, génial, enfin !”, ma deuxième pensée a été : “OK… mais comment allons-nous y arriver ?”
Malheureusement, les effets d’annonce mal préparés peuvent avoir des conséquences inverses. Dans ce cas précis, de nombreux particuliers, après avoir lu La Presse, se sont précipités pour contacter des installateurs… qui n’ont pas plus de ressources.
Résultat : des professionnels surchargés d’appels, sans main-d’œuvre supplémentaire pour répondre à la demande anticipé de 2026, contraints de demander aux clients de patienter jusqu’à l’année prochaine.
Alors dans un tel contexte, déjà extrêmement tendu, quelles sont les pistes de solution ?
Si les ressources locales ne suffisent pas, pourquoi ne pas aller chercher les talents ailleurs ? De nombreux marchés solaires sont déjà matures dans le monde. Il serait intéressant d’attirer ces profils qualifiés dans notre belle province.
Les pays francophones sont une porte d’entrée évidente : France, Suisse, Belgique, plusieurs pays d’Afrique. Beaucoup de ces professionnels ont déjà 5, 10, 15 voire 20 ans d’expérience.
Mais qui dit immigration dit politique. Pour faciliter ces recrutements, une collaboration avec le Ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration est indispensable afin d’accélérer l’arrivée de ces ressources.
Installateurs, ingénieurs, vendeurs, les profils sont nombreux. Je parle d’expérience : je suis arrivé ici il y a 8 ans. Et je ne suis pas le seul. Je pense qu’au moins un Français travaille dans un tiers des entreprises solaires québécoises. (Un petit coucou à eux)
Pour motiver les talents locaux à rejoindre l’industrie, il faut aussi soutenir les employeurs.
Pourquoi ne pas offrir des allègements fiscaux à l’embauche de jeunes profils prêts à apprendre ? Cela permettrait aux entreprises établies de réduire le risque financier lié à une nouvelle recrue dont la fidélisation reste incertaine.
Aider les professionnels à offrir des salaires compétitifs face aux autres industries est aussi essentiel pour retenir les talents.
Et du côté des recrues ? Financer des formations pour accélérer leur montée en compétences. Cela peut passer par des centres techniques ou des programmes scolaires plus complets. Le CEGEP de Jonquière, avec le Centre TERRE, propose déjà un parcours ou encore Écohabitation (formation courte). Offrir de la flexibilité, entre formations courtes, alternées ou longues, pourrait répondre à une variété de profils. Nous reviendrons en détail sur les formations et certifications dans le prochain article.
La solution la plus rapide, et la moins coûteuse, reste l’optimisation des équipes déjà en place.
Face au manque de main-d’œuvre, les outils numériques deviennent indispensables. Oui, vous me voyez venir avec Solutions Otonomi : parlons logiciels.
Automatiser les tâches répétitives permet de concentrer les compétences humaines sur ce qui compte vraiment. Cela touche la vente, le marketing, la gestion des stocks, et bien d’autres choses. Avec l’arrivée de l’intelligence artificielle, certaines tâches peuvent être réduites de moitié. (voir plus).
Il est temps que l’industrie solaire québécoise adopte pleinement les outils numériques pour gérer son quotidien plus efficacement. Des outils comme notre calculateur solaire Otonomi DX, par exemple 😛.
Un logiciel ne remplacera jamais un humain, mais il peut soulager les équipes, accélérer l’intégration de nouvelles recrues et faciliter leur montée en compétences.
Si cette vague n’est pas surfée, elle risque d’engloutir tout le marché.
Faute de réponse locale adaptée, ce sont d’autres, moins scrupuleux, qui viendront. Des entreprises d’autres provinces, ou des États-Unis, avec des approches commerciales agressives, (door knocking) des prix doublés voire triplés, et des particuliers laissés avec des installations défectueuses…
Alors ne nous laissons pas submerger et agissons !
Dans le prochain article nours parlerons de formations et certifications.
Tout un programme.