Les subventions : La clé de l’accélération du solaire québecois

Comment développer le solaire au Québec

Les subventions : La clé de l’accélération du solaire québecois

L'argent fait-il le bonheur ? Je ne sais pas, mais ce que je sais, c'est que cela peut considérablement augmenter la rentabilité d'un projet solaire !

Dans ce nouvel article sur l'avenir de l'énergie solaire au Québec, je vais partager mon expérience européenne en matière de subventions pour les projets solaires résidentiels. Nous explorerons également la façon dont d'autres régions du monde l'abordent et examinerons les meilleures solutions adaptées à notre belle province.

« L'énergie solaire n'est pas rentable »

Probablement l'une des phrases les plus fréquentes que j'ai entendues dans ma carrière...

En réalité, ce n'est ni tout à fait vrai ni faux. Quand on parle de rentabilité, c'est toujours par rapport à autre chose.

Dire que l'énergie solaire n'est pas rentable pour un projet hors réseau, tel qu'un chalet, n'a aucun sens, car avoir de l'électricité est une nécessité, pas un choix. À moins que vous ne compariez cet investissement à une alternative, comme une génératrice.

Lorsque nous discutons de la rentabilité d'un projet solaire résidentiel (maison connectée au réseau publique), nous comparons le kWh solaire produit pour alimenter notre maison aux kilowattheures que nous n'achèterons pas auprès d'Hydro‑Québec, c'est-à-dire les économies réalisées.

Plus le prix que vous payez pour l'électricité du réseau est élevé, plus un projet solaire devient rentable. Une autre variable du calcul de la rentabilité est, bien entendu, le coût total. Des facteurs tels que l'équipement, la main-d'œuvre, la sécurité, l'éthique et l'expérience de l'installateur sont importants. (Un installateur bon marché et de mauvaise qualité peut vous coûter une fortune, croyez-moi.)

Rentabilité de l'énergie solaire au Québec en 2025

Avant de parler du futur, regardons le présent. Aujourd'hui, l'énergie solaire résidentielle au Québec demeure sous-développée, en raison d'un facteur majeur : le prix de l'électricité d'Hydro‑Québec.

(Pour des raisons pratiques de comparaison, les valeurs sont exprimées en dollars américains.)

En moyenne, l'électricité résidentielle coûte 0,058 USD/kWh ici. À titre de contexte, l'Amérique du Nord affiche une moyenne de 0,14 USD/kWh, et à l'échelle mondiale, elle est d'environ 0,11 USD/kWh.

Juste pour le fun, voici l'une des régions les plus chères du monde : les Bermudes, à 0,458 USD/kWh...

À ce prix-là, les lumières ne restent certainement pas allumées par accident !

En effet, les Bermudes dépendent de centrales thermiques alimentées au diesel ou au mazout pour leur électricité.

Je pense que ce contexte est important, surtout lorsque les Québécois se plaignent du prix de l'électricité.

Passons maintenant au solaire : une installation de 6 kWc comprenant 12 panneaux solaires et un onduleur de 6 000 W coûte environ 15 000 dollars canadiens.

Voici un aperçu de la rentabilité :

⚙️ Hypothèses

Puissance du système solaire 6 000 Wc

Coût d'installation 15 000$ CAD (aucune subvention)

Production annuelle estimée à 7 800 kWh

Prix initial de l'électricité 0,103 $/kWh CAD (Hydro‑Québec)

Estimation de l'augmentation annuelle des prix 2,5 %

Durée de vie du système 25 ans

Remplacement de l'onduleur, années 13 à 15, 2 500$

📈 Économies générées

Au cours de la première année : 7 800 kWh × 0,103$ = 803,40$ économisés

Cette économie annuelle augmente légèrement en fonction de la hausse des prix.

Sur 25 ans, les économies cumulées sont estimées à environ 28 000$.

En soustrayant le remplacement de l'onduleur (2 500$), on obtient un gain net d'environ 25 500$.

🔁 Retour sur investissement

Investissement initial 15 000$ CAD

Économies nettes sur 25 ans 25 500$ CAD

Période d'amortissement ≈ 15 ans

Taux de rentabilité  ~5,5 %—7,5 %

🧠 L'essentiel

La période d'amortissement d'un système solaire résidentiel est d'environ 15 ans. N'oubliez pas : chaque hausse du prix de l'électricité raccourcit ce délai. C'est la seule fois où vous serez content que les tarifs d'Hydro‑Québec augmentent...

Soyons honnêtes, un retour sur investissement sur 15 ans est trop long pour motiver de nombreux foyers à investir dans l'énergie solaire. Pour atteindre l'objectif de 125 000 projets du Québec au cours des prochaines années, une seule solution fonctionne : incitations financières.

Les subventions dans le monde

De nombreux pays ont déjà relevé le même défi : comment accélérer l'adoption de l'énergie solaire résidentielle ? Ils ont mis en place diverses incitations financières adaptées à leur contexte.

Crédits d'impôt — États-Unis

  • Mécanisme : Les propriétaires déduisent 30 % des coûts d'installation solaire (panneaux, onduleurs, batteries) de leurs impôts fédéraux, ce qui réduit considérablement le coût initial.
  • Durée : Prévu jusqu'en 2032, puis 26 % (2033) et 22 % (2034).
  • Remarque : Récemment retiré en raison de changements politiques, notamment le « Big Beautiful Bill » de Trump.
  • Avantage clé : La déduction fiscale directe simplifie la planification financière.
  • Source : IRS — Crédit résidentiel pour l'énergie propre

Tarifs de rachat — France (années 2010)

  • Mécanisme : Les propriétaires ont vendu toute leur énergie solaire au réseau à un tarif fixe (20 à 60 c€/kWh).
  • Durée : Contrats de 20 ans, ajustés en fonction de l'inflation.
  • Évolution : Remplacé par des programmes de vente excédentaire et d'autoconsommation.
  • Avantage : La stabilité des recettes a réduit le risque financier.

Comptage net — Québec

  • Mécanisme : L'excédent solaire injecté dans le réseau est crédité au même taux que la consommation d'électricité.
  • Avantage : Utilise le réseau comme une « batterie virtuelle » sans frais supplémentaires et avec une évaluation énergétique en temps réel.
  • Limitation : Ne fournit pas de revenus supplémentaires, compense simplement les coûts d'électricité.
  • Source : Hydro‑Québec — Option de facturation nette

Exonérations fiscales (TVA/GST) — France/Australie

  • France : 10 % de TVA au lieu de 20 % pour les installations ≤ 3 kWc. À partir du 1er octobre 2025 celle-ci sera de 5.5% pour les centrales ≤ à 9 kWc
  • Australie : Les STC réduisent la TPS sur les systèmes solaires.
  • Avantage : Le soutien fiscal indirect encourage l'énergie solaire résidentielle.
  • Sources : https://www.service-public.fr/particuliers/actualites/A18205, régulateur des énergies propres en Australie

Prime à l'autoconsommation — France

  • Mécanisme : Bonus financier basé sur la taille du système, encourageant l'utilisation sur site plutôt que la revente totale.
  • Exemple : ~300 €/kWc sur plusieurs années.
  • Avantage : Favorise l'autonomie énergétique et réduit les déchets du réseau.
  • Source : EDF Solutions Solaires

Aide aux personnes à faible revenu — Californie

  • Programme DAC‑SASH : Fournit de l'énergie solaire gratuite ou à faible coût aux ménages à faible revenu des zones défavorisées.
  • Objectif : Réduire la précarité énergétique et démocratiser les énergies renouvelables.
  • Source : Alternatives au réseau

Rabais sur le stockage

  • Mécanisme : Incitatifs uniquement pour le stockage de batteries à usage domestique, même sans énergie solaire.
  • Exemple : L'Allemagne offre des remises allant jusqu'à 30 % sur les frais de stockage.
  • Avantage : Encourage le stockage pour optimiser l'autoconsommation et la stabilité du réseau.
  • Source : BMWK — Allemagne

Prêts à taux zéro — Canada (Prêt canadien pour des maisons plus vertes)

  • Mécanisme : Prêt sans intérêt pouvant atteindre 40 000 dollars canadiens sur 10 ans pour l'amélioration de l'efficacité énergétique des maisons, y compris l'énergie solaire.
  • Avantage : Permet d'investir sans charge d'intérêt supplémentaire.
  • Source : Initiative canadienne pour des maisons plus vertes

En conclusion

Vous voyez, de nombreux outils financiers existent et ont été testés dans le monde entier. Les pays ont affiné leurs modèles en fonction de résultats positifs ou négatifs.

Le Québec, malgré son retard, a maintenant une véritable opportunité de s'inspirer des modèles internationaux et de les adapter localement.

À mon avis, associer des prêts fédéraux sans intérêt à un crédit d'impôt à l'investissement lié à la capacité installée (/kWc) constituerait une base solide. Ajoutez des ajustements géographiques et basés sur les revenus, et nous avons la recette du succès.

👉 J'ai même parlé au député libéral Gregory Kelley, qui soutient les mesures incitatives fondées sur le revenu. Vous pouvez voir l'interview complète ici.

Quelle que soit la voie choisie, une évaluation assidue est essentielle : est-ce que cela fonctionne ? Quels sont les résultats réels ? Ajustez jusqu'à ce que le modèle du Québec soit solide.

Énergie Solaire Québec, en dialogue permanent avec Hydro‑Québec, défend également cette vision. Leur président, Patrick Goulet, plaide publiquement pour que les investissements soient amortis en moins de 10 ans, ce qui constitue un élément déclencheur crucial pour une adoption plus large.

Parce qu'en fin de compte, quelle que soit l'incitation, si les projets solaires deviennent financièrement intéressants, l'objectif d'Hydro‑Québec de 125 000 installations sera atteint en un clin d'œil. Et les Québécois sont prêts.